Alliance des Églises Évangéliques Interdépendantes
« Frères (et sœurs), nous sommes des théologiens »
Ou du moins, nous devrions tous être des théologiens ! Gerald Hiestand et Todd Wilson, fondateurs du Center for Pastor Theologians, près de Chicago aux États-Unis, aiment raconter l’anecdote d’une petite fille qui, en se promenant avec son père dans un cimetière, lit sur une des stèles « Un tel : pasteur théologien ». Elle dit à son père : « Papa, il y a deux personnes enterrées ici » ! (Christianity Today, juillet-août 2015, p.85).
Avons-nous la même réaction ? Notre idée d’un « théologien » et celle d’un « pasteur » sont-elles tellement différentes que nous avons du mal à imaginer une même personne théologien et pasteur ? (Quand je pose la question, il n’y a aucun « reproche » pour les théologiens parmi nous – Henri Blocher, Don A. Carson, etc.). Mon sujet n’est pas ce qu’ils font, mais ce que, peut-être, une grande majorité d’entre nous « ne fait pas ». Si je vous demande de nommer des théologiens « d’autrefois », il figure probablement sur votre liste Calvin, Luther, Augustin, Irénée, Chrysostome, Athanase, etc. Mais ces hommes étaient à la fois des théologiens et des pasteurs. Leur « théologie » était « formée », mise à l’épreuve et vécue au sein de l’Église, dans ses luttes, combats, progrès dans la connaissance de Dieu et de la foi.
« Depuis ton enfance, tu connais les saintes Écritures qui peuvent te rendre sage en vue du salut par la foi en Jésus-Christ. Toute l’Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit formé et équipé pour toute œuvre bonne. »
2 Tim. 3.15-17
Hiestand et Wilson affirment : « aujourd’hui, … être pasteur est, presque par définition, être n’importe quoi sauf théologien ». Ont-ils raison ? Malheureusement oui si nous nous contentons de citer, en passant, de temps en temps un « théologien ». Cela, c’est uniquement une « transmission passive » de pensées théologiques. Alors que nous sommes tous (et pas seulement les pasteurs et anciens) appelés à « être des théologiens », si « théologie » signifie réellement, comme le dit le dictionnaire Larousse : « Dans un sens chrétien, étude portant sur Dieu et les choses divines à la lumière de la Révélation ». C’est donc étudier et réfléchir sur la Parole, la création, l’être humain, la société, afin de connaître Dieu de mieux en mieux, mais aussi connaître et communiquer ce qu’il nous a révélé. Dans ce sens plus large, « faire de la théologie », c’est annoncer l’Évangile, c’est réfléchir au contexte et aux besoins de l’Église. C’est examiner la société et les cultures à la loupe de la Parole. C’est apprendre à réfléchir de manière à pouvoir donner une réponse conforme au caractère de notre Dieu, en accord avec sa volonté.
Pourquoi n’en est-il pas ainsi, trop souvent ? Le Siècle des Lumières a mis l’accent ailleurs que sur la théologie – des explications « rationnelles et scientifiques » aux problèmes du monde (sous-entendant que les réponses bibliques étaient d’une ère révolue). Puis, combien de mouvements d’Églises ont minimisé ce besoin fondamental de réfléchir, sous prétexte qu’il ne fallait pas « parler au-dessus des têtes » des croyants ? Puis, il y a le système universitaire même, qui divise tout en « départements », y compris pour la « formation chrétienne » : Théologie biblique, théologie systématique, théologie pastorale, etc.
Mais nous sommes tous appelés à être des « théologiens », si nous connaissons Dieu et que nous voulons mieux comprendre, connaître et communiquer sa volonté.
Évidemment, (et peut-être malheureusement aussi…) nous ne sommes pas tous appelés à devenir de futurs Henri Blocher. Mais nous sommes tous appelés à être des « théologiens », si nous connaissons Dieu et que nous voulons mieux comprendre, connaître et communiquer sa volonté. L’historien Mark A. Noll a écrit un livre qui a pour titre The Scandal of the Evangelical Mind (le scandale de la pensée évangélique) dont la thèse principale est la « démission » des réflexions approfondies aux États-Unis, plus ou moins depuis Jonathan Edwards ! Si nous sommes chrétiens, soyons également, réellement, des théologiens. Et communiquons aux autres le fruit de nos réflexions, de nos découvertes. Ne soyons pas, dans ce domaine aussi peut-être, uniquement des « consommateurs » ! Comme Paul l’a rappelé à Timothée en 2 Tim 3.15-17 : « Depuis ton enfance, tu connais les saintes Écritures qui peuvent te rendre sage en vue du salut par la foi en Jésus-Christ. Toute l’Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit formé et équipé pour toute œuvre bonne. » Frères et sœurs, nous ne sommes pas des « managers », soyons des théologiens !
Henry Oppewall